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Rites funéraires et épidémies en Côte d'Ivoire
JEAI (Jeune équipe associée à l'IRD)

Lors de l’épidémie de maladie à virus Ebola (MVE) en Afrique de l’Ouest, les rituels funéraires ont été placés par la santé publique sur le devant de la scène en raison du risque de transmission du virus lors de la manipulation des cadavres. Néanmoins, cette question de la transmission lors de rituels funéraires, considérés ici comme allant du trépas à l’ancestralisation, ne se pose pas que pour la MVE et pas seulement du fait de la transmission par le cadavre, mais aussi du fait des rassemblements de populations lors des cérémonies.

La littérature anthropologique sur le sujet et les constats de terrain fait par l’équipe lors du programme EboCI (Ebola et la Côte d’Ivoire, 2014-16, Expertise France, Unicef, Aviesan, IRD) et du PACE (programme anthropologie comparée d’Ebola, Expertise France) montrent que les rituels funéraires constituent un fait social total ; qu’il existe une très grande variabilité de rituels d’une société à l’autre mais aussi au sein d’une même culture ; que ces rituels sont des impératifs culturels et religieux ; et que les dimensions économiques jouent un rôle important, pour ne citer que quelques points saillants.

Plusieurs interrogations guident le programme de recherche proposé. Pour l’anthropologie, il sera question de comprendre pourquoi les sociétés sont si fortement attachées aux rites funéraires qu’elles ont construits. Une attention sera portée à la signification et l’importance des pratiques funéraires qui sont des occasions de contact et donc induisent un possible risque de transmission de maladies infectieuses, contagieuses ou vectorielles. La recherche étudiera par ailleurs les rapports entre les dimensions économiques des rituels funéraires et l’appropriation des mesures préventives par les populations. Enfin une approche en sciences juridiques et politiques analysera le régime juridique du corps décédé et la responsabilité juridique du fait du cadavre. Les investigations se font sur trois sites d’enquêtes, une au Nord en pays Senoufo, une au centre en pays Boualé et une zone urbaine à Abidjan. La méthodologie reposera une approche qualitative et inductive basée sur les méthodes utilisant l’immersion avec tenue d’un journal de terrain, les entretiens, les observations directes ou participantes, la recension de documents et d’images photographiques et vidéographiques.

Cette recherche analyse les différents types de rituels, les occasions de contacts et leurs significations sociales, les risques encourus lorsque les rituels ne peuvent être faits, les contre-rites existants ou les possibles rites de réparation, mais aussi le cadre juridique qui régit le statut du corps décédé et la responsabilité de personnes impliquées dans les soins mortuaires. Au-delà de ces objectifs scientifiques, la présente recherche vise également à travailler avec les responsables sanitaires pour l’élaboration des guides d’accompagnement des acteurs de terrain chargés de la mise en œuvre de mesures de prévention relatives aux rituels funéraires.

Mots clés
Épidémies, rites funéraires, contre-rites, mesures sanitaires, résilience, rites de réparation, Côte d'Ivoire,  risque encouru, transmission, occasion de contact,  impératifs socio-culturels, impératifs funéraires, soins mortuaires, trépas, agonie, fin de vie, accompagnement, soins palliatifs, peur

Partenaires
Bouaké, Côte d’Ivoire : Chaire Unesco de Bioéthique (CUB), Université Alassane Ouattara (UAO)
Marseille, France : Laboratoire Population Environnement Développement (LPED, UMR 151 IRD-AMU)

Institutions associées
Abidjan, Côte d’Ivoire : Institut National d’Hygiène Publique (INHP)

Financement IRD / JEAI